En l’espace d’à peine quatre ans, Daech est parvenu non seulement s’affranchir de la tutelle d’al-Qaida, mais aussi à vampiriser l’ancienne maison-mère du djihad mondial. Les disciples d’al-Baghdadi ont, ainsi, subtilisé la plupart des réseaux extérieurs et des franchises régionales qu’il a fallu à l’organisation Ben Laden plus d’un quart de siècle pour mettre en place.
En s’attribuant le nom d’« Etat Islamique », prétendant restaurer le « vertueux califat[1] », Daech a su donner un deuxième souffle à la mouvance djihadiste mondiale, qui s’est retrouvée fragmentée et considérablement affaiblie durant les dernières années de l’ère Ben Laden.
Ainsi, l’Internationale djihadiste a pu se renouveler, en se métamorphosant, pour faire émerger des ruines du « printemps arabe » une multitude de métastases lancées à l’assaut de nouveaux territoires du djihad, en Irak et en Syrie d’abord, puis dans la péninsule arabique, en Afrique du nord, au Sahel et en Asie. Avant d’atteindre, à nouveau, l’Occident qui se croyait sanctuarisé par les exploits de la « guerre mondiale contre le terrorisme » lancée, au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, à coup de grands budgets militaires et de législations antiterroristes de plus en plus restrictives.
Ainsi, la filière (Daech) semblait supplanter la maison-mère (al-Qaida) et l’élève (Abou Bakr al-Baghdadi) défier et détrôner le maître (Ayman al-Zawahiri) !
Pourtant, al-Zawahiri n’est pas homme à se laisser prendre au dépourvu. Bien que cantonné au rôle d’éternel n° 2, à l’ombre d’Oussama Ben Laden, durant un quart de siècle, il fut incontestablement le précurseur stratège qui a théorisé, structuré et encadré les sept Internationales djihadistes, qui se sont relayées depuis la guerre antisoviétique en Afghanistan (1979 -1989)[2].
Et voici que, devenu le « Grand Cheikh » du djihad mondial, en succédant à Ben Laden, en 2011, al-Zawahiri se laisse-t-il berner par un illustre inconnu, qui n’a ni sa carrure ni son emprise sur la mouvance djihadiste : l’auto proclamé calife, al-Baghdadi !
Comment al-Zawahiri n’a-t-il pas pressenti ni anticipé que cette nouvelle dynamique qui, en instaurant un proto-Etat à cheval entre l’Irak et la Syrie, prétendant ainsi restaurer le « vertueux califat », était en passe d’attirer et fédérer les djihadistes de toutes nationalités sous la bannière de Daech ?
Le renversement brutal des rapports de force entre al-Qaida et Daech qui n’était, à l’origine, que l’une des nombreuses franchises ayant fait allégeance à la maison-mère djihadiste, a-t-il été un dommage collatéral provoqué par le chaos né du « printemps arabe » ?
Ou s’agit-il, au contraire, d’une nouvelle phase dans la « stratégie du contournement » initiée par al-Zawahiri, au lendemain du 11 septembre 2001, pour faire muter continuellement les réseaux djihadistes afin de garder, à chaque fois, une longueur d’avance sur les services antiterroristes qui les traquent ?
Après plus d’une décennie de réclusion et de clandestinité qui leur a été imposée par le renforcement considérable de la traque antiterroriste, lancée à leurs trousses au lendemain des attaques du 11 septembre, Ben Laden et son bras droit et futur successeur, Ayman al-Zawahiri, constataient, amers, qu’al-Qaida était devenue une « légion sans terre[3] ».
Tant et si bien qu’ils ont, tout de suite, perçu dans les révoltes du « printemps arabes » l’occasion tant espérée d’opérer une « réimplantation territoriale du djihad[4] », en l’inscrivant dans des luttes locales ou régionales susceptibles de mobiliser et de soulever les masses. Quitte, pour cela, à changer le nom d’al-Qaida et de ses tentacules régionaux, comme le suggéraient de nombreuses correspondances échangées entre al-Zawahiri et Ben Laden, au cours des derniers mois qui ont précédé la mort de ce dernier[5].
C’est ainsi que, plus de trois ans avant l’émergence de Daech, de nombreuses organisations djihadistes, comme Boko Haram et Ansaru, en Afrique subsaharienne, les Ansar al-Charia en Afrique du Nord et Jabhat al-Nosra en Syrie, ont pris le relai des anciens émirats régionaux qui portaient le nom d’al-Qaida. Et l’ancêtre même de Daech, l’Etat Islamique en Irak, a émergé, sur instigation d’al-Zawahiri, suite à un changement de nom de l’ancien émirat d’al-Qaida en Mésopotamie (ex-organisation Zarqawi)[6].
Plus intriguant encore, toutes les mutations insufflées par Daech aux structures organiques du djihad ont été conceptualisées et planifiées de longue date par al-Qaida ! Y compris la plus spectaculaire et la plus surprenante de toutes : la destruction des frontières syro-irakiennes et le rétablissement d’un pseudo-califat, portant le nom d’« Etat Islamique ».
En effet, le coup de tonnerre audacieux et inédit, qui allait conduire à l’instauration, en juin 2014, d’un proto-Etat daechien, englobant un large territoire des deux côtés des frontières irako-syriennes, a été opéré en suivant les recommandations d’un livre intitulé Administration du Chaos, datant de 2006, dont l’auteur n’est autre que le responsable historique de la stratégie militaire d’al-Qaida, l’énigmatique Saif al-Adl[7].
Par ailleurs, des extraits de l’Administration du chaos ont été retrouvés dans des dizaines de messages envoyés par Oussama Ben Laden, dès l’éclatement du « printemps arabe », à des chefs djihadistes au Maghreb, en Syrie, en Irak, dans les pays du Golfe et au Yémen[8].
Dans ses ultimes échanges avec Ayman al-Zawahiri, Oussama Ben Laden a même suggéré de changer le nom d’al-Qaida, discrédité, selon-lui, en raison de la diabolisation exercée à son encontre par les médias internationaux majoritairement hostiles à la mouvance djihadiste.
Et dans l’ultime carnet sur lequel il avait pris l’habitude de griffonner ses pensées et ses projets djihadistes, durant les derniers mois de sa cavale, Ben Laden envisageait une pléiade de noms, pouvant succéder à l’obsolète al-Qaida, parmi lesquels : Tanzim Ia’adat al-Khilafa al-Rachida, c’est-à-dire l’organisation de la restauration du vertueux califat[9] !
Ainsi, ni par le nom qu’il s’est choisi, ni par la stratégie de « gestion du Chaos » qu’il a adopté, l’émergence de Daech ne pouvait prendre al-Zawahiri au dépourvu !
Pourquoi a-t-il donc choisi de laisser faire, au risque de voir lui échapper le leadership du djihad mondial ? Cet effacement tactique au profit de Daech s’inscrivait-il dans le cadre de la « stratégie du contournement » chère à al-Zawahiri ? Une stratégie à laquelle il a toujours eu recours, depuis la fusion de son groupe, le Djihad égyptien, avec sa rivale, al-Gamaâ al-Islamiya, l’autre grande formation djihadiste égyptienne, en 1987, puis avec al-Qaida, en 1991.
Al-Zawahiri a-t-il anticipé le fait que l’entreprise daechienne allait forcément s’attirer les foudres des grandes puissances régionales et internationales ? Que son proto-Etat finirait fatalement par s’enliser dans les sables mouvant d’un Moyen-Orient plus que jamais compliqué ?
L’empressement de la filiale syrienne d’al-Qaida, Jabhat al-Nosra, pour se muer en Djabhat Fath al-Cham (Front de la conquête du Levant)[10], dès l’apparition des premiers signes du déclin de Daech, en juillet 2016, a constitué l’un des indices les plus fort qui illustre la « stratégie du contournement » discrètement initiée par Ayman al-Zawahiri, deux ans auparavant.
En annonçant leur rupture « d’un commun accord » avec al-Qaida, les anciens disciples d’al-Zawahiri au sein d’al Nosra se sont, ainsi, positionnés, pour tirer les marrons du feu, en apparaissant comme la nouvelle grande formation djihadiste levantine. Et la mieux qualifiée pour accueillir les légions djihadistes locales, une fois que la bulle daechienne aura éclaté, sous les coups de boutoir de la coalition occidentale et de l’alliance irano-russe favorable au Régime syrien.
Le développement des évènements, durant les mois à venir, sur la scène syrienne, et plus largement au Moyen-Orient, détermineront à quel point cette stratégie sera payante. Et décideront si al Qaida réussira, comme son nouveau leader l’ambitionne, à renaître des cendre de Daech !
[1] Le terme « vertueux califat » (al-Kilafa al-Rachida) désigne, dans la littérature islamiste, l’âge d’or de la civilisation islamique, durant les règnes successifs des quatre premiers califes (Abou Bak, Omar, Othman et Ali), qui ont succédé au prophète Mahomet. Ces quatre califes sont désignés par les courants islamistes rigoristes comme étant le Salaf al-Salih (les vertueux aïeux). D’où le terme Salafisme, qui désigne les courants islamistes contemporains qui aspirent à restaurer l’héritage des « vertueux aïeux ».
[2] La première Internationale djihadiste a vu le jour en 1991, au Soudan. Elle avait pour objectif de fédérer les « afghans arabes » (vétérans arabes de la guerre anti-soviétique en Afghanistan), pour combattre les « régimes impies » dans le monde arabe. La seconde est née, en 1994, de l’alliance entre Ben Laden et Zawahiri et la création du « Fond mondial du djihad contre les juifs et croisés », suite à l’adoption par la mouvance djihadiste de la théorie de « l’ennemi proche » et de « l’ennemi lointain » développée par Ayman al-Zawahiri dans son livre Cavaliers sous la bannière du prophète (Cf. Les archives secrètes d’al-Qaida, Roland Jacquard, éditions Jean Picollec, Paris, 2004). La troisième Internationale du djihad a vu le jour, suite à la mondialisation des réseaux al-Qaida, après le transfert de ses bases vers l’Afghanistan, en 1996. La quatrième est née de l’éclatement d’al-Qaida en « émirats décentralisés », après les attaques du 11 septembre 2001. Quant à la cinquième internationale djihadiste elle fut le fruit de la « stratégie du contournement », qui a permis au « commandement central » d’al-Qaida de reprendre, en sous-main, le contrôle des réseaux décentralisés du djihad, à partir de 2003, pour opérer selon un nouveau concept développé, lui aussi, par al-Zawahiri et appelé la théorie des « cerveaux » et des « muscles ». La sixième Internationale, elle, s’est faite, sur insistance de Ben Laden, en 2004. Al-Zawahiri ne semble l’avoir validée et mise en œuvre que par souci de préserver le consensus au sein de direction d’al-Qaida. Elle a consisté à recréer des filiales régionales portant officiellement le nom d’al-Qaida : al-Qaida en Mésopotamie, al-Qaida au Maghreb Islamique et al-Qaida en péninsule arabique. Les dérives sanguinaires de ces filiales, notamment en Irak, avec la multiplication des massacres contre les minorités chiites, yazidies et chrétiennes, ont - de l’aveu même d’al-Zawahiri - « souillé la réputation des moudjahidines » et éloigné al-Qaida des « causes sacrées de l’Oumma ». D’où l’importance accordée par al-Zawahiri, dès qu’il a succédé à Ben Laden, en 2011, à la mise en œuvre d’une septième Internationale djihadiste, qui est encore en gestation, basée sur nouveau concept, appelé « réimplantation territoriale du djihad » et développé dans le sillage des révoltes du « printemps arabe ».
[3] Cette expression a été utilisée, pour la première, dans une lettre envoyée par al-Zawahiri à Ben Laden, plusieurs mois avant l’éclatement du « printemps arabe ». Dans cette missive retrouvée dans les archives saisies dans l’ultime cache de Ben Laden à Abbottabad (Cf. Les testaments secrets de Ben Laden, Roland Jacquard et Atmane Tazaghart, éditions Jean Picollec, Paris, 2014), al-Zawahiri se plaignait de l’enfermement d’al-Qaida dans les zones tribales afghano-pakistanaises. Ce qui, selon lui, coupait l’organisation, de plus en plus, des véritables préoccupations de l’Oumma. A l’époque, il tentait, ainsi, de dissuader Ben Laden de confier la direction militaire des réseaux d’al-Qaida au Pakistan à un non-arabe, en la personne du djihadiste pachtoune Ilyas Kashmiri. Puis, avec l’avènement du « printemps arabe », partant de ce constat de l’essoufflement d’al-Qaida, en raison de sa réclusion dans le ghetto afghano-pakistanais, qui en a fait une « légion sans terre », al-Zawahiri a suggéré à Ben Laden de saisir l’opportunité du « printemps arabe » pour réinscrire al-Qaida dans « les combats de l’Oumma, pour son émancipation et sa dignité ».
[4] Le concept de « réimplantation territoriale du djihad » est évoqué dans les longues missives échangée par Ben Laden et al-Zawahiri, dès l’éclosion du « printemps arabe » (Cf. Les testaments secrets de Ben Laden, Roland Jacquard et Atmane Tazaghart, éditions Jean Picollec, Paris, 2014). Ainsi, al-Zawahiri suggérait à son mentor de saisir « l’occasion en or qu’offrent les nouvelles intifadas populaires » dans le monde arabe. L’objectif étant de faire d’une pierre deux coups : regagner les cœurs des masses arabo-musulmanes qui se sont, petit à petit, détournées d’al-Qaida, notamment depuis les dérives sanguinaires commises en Irak, sous la houlette d’Abou Moussâab al-Zarqawi. Et profiter, par ailleurs, du relâchement sécuritaire qui allait fatalement accompagner les fins de règnes des « despotes arabes » renversés ou déstabilisés par les révoltes populaires, pour permettre à al-Qaida d’occuper le terrain et de revenir au-devant de la scène moyen-orientale, après de longues années d’errements dans son ghetto pachtoun. La portée stratégique de ce concept de « réimplantation territoriale » a pris toute son ampleur avec l’apparition de « bulle daechienne ». Ceci témoigne de l’importance du rôle de stratège et de théoricien d’al-Zawahiri et s’inscrit dans la continuité d’une longue série de concepts fondateurs de la doctrine djihadiste, auxquels il a successivement donné naissance, tels que la théorie de « l’ennemi proche et de l’ennemi lointain » et celle des « cerveaux et des muscles »…etc.
[5] Les critiques répétées d’al-Zawahiri contre les errements qui ont « coupé al-Qaida des causes sacrées de l’Oumma arabo-musulmanes » et des dérives sanguinaires qui ont « terni la réputation des moudjahidines auprès masses musulmanes » étaient si virulentes que Ben Laden a acquis la conviction que son organisation devait changer de nom, pour tenter de redorer son blason. Ainsi, dans l’ultime message adressé à Ben Laden, une dizaine de jours avant sa mort, al-Zawahiri accentuait ses critiques : « Vous me demandez [dans une précédente correspondance] pourquoi le combat d’al-Qaida contre les Etats Unis d’Amérique ne parvient plus à provoquer d’avantage d’écho et de soutien dans le monde musulman ? Et que convient-il de faire pour transformer ce combat en guerre religieuse globale ? En vérité, J’ai toujours exprimé mon extrême préoccupation en ce qui concerne les répercussions néfastes des tueries de civils en Irak et dans d’autres terres de djihad, par les branches locales qui portent le nom d’al-Qaida, sur la réputation et la popularité de l’organisation et de la mouvance djihadiste en général. Pour mettre un terme à cela, je suggère d’édicter des directives très strictes ordonnant aux moudjahidines de cesser les attentats contre les civils, y compris contre les chiites… ». Ceci témoigne de la complexité des relations qui liaient les deux hommes. Ben Laden s’adressait à al-Zawahiri comme à un conseiller, sollicitant son avis à la fois sur les affaires relevant de la jurisprudence théologique et sur les questions de stratégie militaire. De son côté, al-Zawahiri dépassait très souvent son rôle de numéro 2, pour apparaitre beaucoup plus comme un mentor soufflant à Ben Laden ses choix les plus déterminants.
[6] L’Etat Islamique en Irak (EII) s’est ensuite mué en Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), dont Daech est l’acronyme en arabe.
[7] Le livre Idarat al-Tawahouch [Administration du Chaos] est apparu sur internet, pour la première fois, le 25 juin 2006, sur le site djihadiste « Centre des études et recherches islamique », dirigé à l’époque par l’émir d’al-Qaida en péninsule arabique (AGPA), Youssef al-Ayiri. L’ouvrage est signé par un énigmatique auteur du nom d’Abou Bakr Naji. Il s’agissait, en réalité, d’un pseudonyme utilisé durant de longues années par le stratège militaire d’al-Qaida, Saif al-Adl, pour signer ses contributions publiées sur de nombreux sites et forums djihadistes, tels que la revue électronique Sawt al-Djihad (La voix du djihad), le forum Ana al- Moslim (Moi, le musulman) et le site Manbar al-Tawhid wal-Djihad (Tribune du monothéisme et du djihad).
[8] Cf. Les testaments secrets de Ben Laden, Roland Jacquard et Atmane Tazaghart, éditions Jean Picollec, Paris, 2014.
[9] Trois semaines avant sa mort, Ben Laden notait sur le fameux carnet à spirales saisi après sa mort : « les médias internationaux ne mentionnent jamais le nom complet de notre organisation « Qaida-t al-Djihad » [La base du djihad], mais se contentent de dire « al-Qaida », un nom stéréotypé qui ne contient pas de référence directe à l’islam et qui est devenu synonyme d’attentats massifs faisant des milliers de victimes, y compris parmi les musulmans. Il nous faut donc changer de nom ou mener une compagne de communication, pour amener les médias à mentionner le nom entier de l’organisation ». Une dizaine de jours plus tard, Ben Laden écrivait à nouveau, dans les toutes dernières pages du fameux carnet : « Il serait judicieux de changer le nom d’al-Qaida en « Tanzim al-Tawhid wal-Djihad » [Organisation du monothéisme et du djihad] ou en « Tanzim Ia’adat al- Khilafa al-Rachida » [organisation du rétablissement du vertueux califat] ».
[10] Dans une vidéo publiée le 28 juillet 2016, l’émir de Jabhat al-Nosra, Abou Mohamed al-Joulani, apparaissant pour la première fois, à visage découvert, et annonçait qu’al-Nosra venait de se séparer d’al-Qaida, d’un commun accord avec son émir Ayman al-Zawahiri, pour créer Jabhat Fath al-Cham [Front de libération du Levant]. L’objectif étant de faire apparaitre al-Nosra non plus comme la filiale syrienne d’al-Qaida, mais comme une organisation levantine destinée à fédérer les organisations djihadistes locales opposées à Daech ou dissidente de celui-ci.